Rodogune, la face cachée de Corneille.
Cette tragédie qui date de 1645, est assez méconnue. C’est une pièce très particulière, peu jouée, qui a une place à part dans l’œuvre de l’auteur, plus proche de Shakespeare que de Corneille. Particularité, on y trouve « deux femmes qui sont deux monstres. Deux femmes qui veulent le pouvoir. » Cléopâtre, le personnage principal, est reine de Syrie. Elle doit laisser le pouvoir mais ne veut pas. « Elle va massacrer son mari, et l’un de ses fils, raconte Christine Berg. C’est une méditation très sombre sur l’exercice du pouvoir et de la vengeance. Elle nourrit une haine monstrueuse envers Rodogune qui doit se marier avec son fils et devenir reine à sa place. » Rodogune est une œuvre clairement magistrale, une pièce « sous forme de huis clos », avec six personnages. L’affrontement est extrêmement tendu, va crescendo et ne finit pas très bien. Ici, on s’interroge « sur la question de vengeance », poursuit Christine Berg.
Des êtres se déchirent, une coupe empoisonnée, comme chez Hitchcock, attend les héros.