D’une beauté radicale ! Un conte initiatique dans le clair-obscur d'une lisière, aux portes d'une forêt profonde, voyage en terre animale.
On ne la voit qu'à peine, le petite Méline, dans la lumière crépusculaire de la lisière, entre les deux mondes qu'elle a traversé. Elle raconte, ou plutôt nous fait ressentir par tous les pores de notre peau ce que c’est que d’être plongé dans une forêt, à l’affût du moindre bruit, de la moindre odeur. Je suis la bête d’Anne Sibran est un texte fascinant tant par sa langue unique, organique, d’une très grande force poétique, que par son histoire : celle d’une fillette abandonnée, recueillie puis élevée par un animal sauvage. À mi-chemin entre l’enfant et l’animal, elle est capturée et forcée de s’adapter au monde civilisé. En voulant l’humaniser par la violence, on fait d’elle une bête, restée à la lisière entre le monde animal et celui des hommes. En s'emparant du magnifique roman d'Anne Sibran, Julie Delille, propose tout à la fois un récit métaphorique sur une errance et une expérience mémorielle d'une enfant sauvage qui se raconte avec une parole rare, intense et chargée d'émotions : « Ce qui m’intéresse, c’est de travailler sur la rugosité, sur le monstre, comme il l’est étymologiquement : celui qui montre ou qui est montré » (Julie Delille).
« Un conte au parfum symboliste et gothique que n’auraient renié ni Maeterlinck, ni Edgar Poe, et que met en scène avec une rare perfection formelle — dans les noirs éclairages comme dans le très mystérieux travail sonore — son unique interprète. » Télérama